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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 21:37

imagesCA5KASMRSelon les chiffres officiels qui font référence à la composition ethnique de la population dominicaine, approximativement, 11% de la population est noire, 73% mulâtre et 16% blanche. L’ironie est que si nous divisons la population dominicaine totale (9,5 millions de personnes), entre le million d’haïtiens qui résident dans le pays, nous confirmerons ce raisonnement, car la quantité ainsi obtenue est proche des 11%. Mais lorsque ce type d’études est réalisé par des étrangers, plus objectifs, les résultats changent radicalement.

 

En effet, les définitions ethno-raciales sont très subjectives et les personnes adhèrent en général au groupe social qui bénéficie du meilleur prestige social. Se basant sur ce fait, nombreux sont les dominicains noirs qui se définissent comme mulâtres et d’autre part les mulâtres qui eux se définissent comme blancs. En réalité, la population blanche réelle dans notre pays avoisine les 8% de la population totale.

Le problème est que cette distorsion identitaire nous pousse à nous discriminer entre nous sur la base du ton de couleur.

 

Quoique l’on puisse en dire, avoir une apparence « haïtienne » est mal vue en République Dominicaine, alors que les dominicains pouvons être de n’importe quelle couleur et devrions être orgueilleux de ce fait. Mais notre identité mal définie provoque une distorsion de notre image et beaucoup d’entre-nous nous ne nous rendons compte de cette fausse identité que lorsque nous sommes à l’étranger. Combien d’entre-vous ne se sont sentis discriminés de la part même de leurs propres compatriotes, la seule faute commise étant d’avoir un ton de peau plus obscur ? Certainement bon nombre d’entre-vous.

 

Chaque pays a le droit de défendre son territoire ainsi que son hégémonie nationale, mais ceci ne doit pas occulter la haine quasi viscérale que nous éprouvons envers nos voisins haïtiens, haine qui a été encouragée historiquement par l’élite dominicaine. Notre identité nous pousse á haïr, à avoir peur et rejeter ceux-ci ; peut-être car représentent-ils la partie la plus honteuse de nous-même : l’africain qui est en nous.

Un problème qui nous empêche de  voir le thème de manière rationnelle et objective.

Nous avons le droit en tant que dominicain de chercher un futur meilleur dans un pays étranger, mais les haïtiens ne peuvent venir en République Dominicaine avec le même objectif : améliorer leurs conditions de vie.

Le cas de la dominicaine d’ascendance haïtienne Sonia Pierre et ses deux petites filles, elles aussi d’origine haïtienne, nous a illustré le problème.

 

Notre pays est souverain dans l’application de ses lois migratoires, dans le respect bien sur des accords internationaux, mais pas seulement envers les haïtiens, envers tous les étrangers. Selon la Constitution Dominicaine, celle-ci octroie la nationalité dominicaine à toute personne née sur le territoire dominicain. Mais dans de nombreux cas, celle-ci est niée aux dominicains-haïtiens, ce qui les place dans une situation économique délicate voire difficile. La controverse réside dans une interprétation subjective de la Constitution : la grande majorité des haïtiens ne sont ni en transit, ni diplomate.

 

Même si le documentaire « Pelo bueno, pelo malo” a tenté de présenter une vision critique de notre identité en le présentant de forme comique, nombreux sont les dominicains qui se sont sentis offensés, alors que l’auteur nous a seulement mit face au miroir de nos propres complexes.

Trouver une solution au problème du racisme est très compliqué, spécialement car notre propre cerveau sélectionne nos souvenirs et en fait une comparaison avec « la réalité empirique »

Avec le plus grand des hasard, le fait est qu’actuellement les pays les plus développés économiquement et technologiquement sont ceux ayant une population majoritairement blanche, ce qui peut induire á croire en la théorie de la supériorité comme le soutient le polémique scientifique James Watson. Ce fut le motif pour lequel l’Allemagne nazie parvint à cette conclusion, se basant sur la science ou la religion.

Si nous admettons que l’Homme descend du singe, alors les personnes de peau noire seraient plus près de ceux-ci, donc moins évoluées.

 

La supposée supériorité d’un groupe ethnique à l'égard d’un autre se base sur des fondements économiques, c’est pour cela que les nazis tentèrent de créer une religion alternative qui justifierait leur développement économique et scientifique, donnant naissance au terme de « race biologique » et à la mauvaise réputation de l’eugénisme. Les mêmes arguments furent utilisés durant la période de la ségrégation aux Etats-Unis ou pendant l’Apartheid en Afrique du Sud. Les pensées racistes de Jose Staline provoquèrent 20 millions de morts, les Turcs assassinèrent à 1,8 million d’Arméniens durant la Première Guerre Mondiale, les nazis exterminèrent 6 millions de Juifs ou bien encore un exemple plus récent avec les Tutsis qui massacrèrent 200.000 Hutus au Burundi.

 

Le résultat de notre création identitaire erronée est une société complexée qui tente de ne pas se voir telle qu’elle est et qui assume indirectement la théorie d’infériorité des mulâtres et noirs face aux blancs. Par chance, à l’ère de la Globalisation, les capacités individuelles de chacun sont en train de prendre le pas sur la classification couleur de peau. L’éducation et la vie en collective aideront à surpasser ce problème. Mais ne nous voilons pas la face et ne soyons pas ingénus car l’on parle ici d’un problème très complexe qui nous accompagnera encore durant de nombreuses années.

 

L’objectif de ce travail n’est pas basé sur la rancœur, ni ne prétend heurter les gens, mais dépasser un des aspects les plus honteux de notre Histoire : le racisme envers nous-mêmes, dominicains. Le racisme est une blessure qui n’a toujours pas cicatrisé à ce jour et persister à le nier contribue seulement à prolonger l’hémorragie.

 

Un peuple qui ne connaît pas son histoire et un peuple condamné à vivre dans l’ignorance et le complexe.

 

Alcides Pimentel Paulino.

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commentaires

Y
Merci pour l'article
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