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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 20:59

imagesCA5KASMRL’identité dominicaine s’est construite en référence à l’hispanique /européen et contre l’haïtien / l’africain / le noir alors que la majorité de la population est mulâtre et noire. La Mère Patrie - dans le cas dominicain-  est un fait plus culturel que génétique. A construire notre identité depuis l’ethnie et non sur la culture mixte (hispanique, africaine, indigène), il se produit un désajustement entre la majorité de la population et l’identité nationale projetée, un fait qui promeut le racisme de manière indirecte en fusionnant la « dominicanidad » avec l’hispanique. Le résultat est que dans notre mentalité nous associons la « dominicanidad » avec la couleur de peau claire, lorsque nous les dominicains, pouvons être de n’importe quelle couleur, fruit des métissages internes et des flux migratoires qu’a connu le pays depuis la découverte de l’île.

 

Cette confusion entre ethnie et culture fait que beaucoup de dominicains ne peuvent parler du racisme avec objectivité, car cela pourrait remettre en cause leur patriotisme et leur identité , de sorte qu’il résulte plus facile d’haïr le pays voisin et ses habitants que de critiquer un problème qui affecte la majorité des dominicains qui essayent d’être plus patriotes s’éloignant de tout ce que représente  Haïti dans l’imaginaire collectif : négritude, pauvreté, retard, inculture, vaudou, sorcellerie, le créole, etc.

 

Selon de récentes études sur le comportement humain, nous agissons sur la base de deux principes basiques : survivre et nous adapter au groupe auquel nous appartenons.

Cette caractéristique expliquerait pourquoi de nombreuses dominicaines –si nous mettons de coté l’aspect économique – préfèrent comme conjoint ou dans leurs relations amoureuses les hommes d’origine européenne. Inconsciemment, l’idée est là, celle d’améliorer "la race ", mais aussi que leurs descendances aient plus de possibilités de progression sociale et c’est pourquoi la différence d’âge au sein d’un couple perd de son importance.

 

Pour les anthropologues et les sociologues, c’est un fait notoire que lorsqu’une personne doit définir son identité, en règle générale, son choix se porte sur l’identité associée à la communauté présentant les aspects les plus avantageux et prestigieux socialement. Ce phénomène explique pourquoi de nombreux mulâtres se considèrent blancs et beaucoup de noirs comme mulâtres.     

 

Malgré l’évidente influence africaine dans notre culture comme on peut le constater à travers du merengue et d’une grande partie de notre folklore, nous pouvons parler du racisme en République Dominicaine comme d’un sujet tabou que peu d’études ont essayées de comprendre, car dans la même temps celui ou celle qui l’entreprendrait mettrait en doute et en péril sa « dominicanidad » ou son impartialité.

La République Dominicaine et Haïti sont deux pays diffèrent culturellement, économiquement et linguistiquement et ce, depuis le début de la colonisation. C’est pour cela qu’argumenter que les puissances occidentales veulent unifier les deux pays est un fable qui á peu á voir avec la réalité.

 

On peut dire que l’existence des deux pays sur une même île commença avec le Traité de Ryswick de 1697 entre l’Espagne et la France. La différence entre les deux pays obéit à deux modèles de colonisations différents : le franco-britannique et l’hispano-portugais. Le premier était basé sur la famille ( hommes, femmes et enfants) tandis que le second se composait d’hommes (commerçants et aventuriers) qui se marièrent ou eurent des enfants avec des femmes natives et afro-américaines, donnant ainsi naissance à des sociétés très hétérogènes physiquement.

 

Peu de dominicains savent que la promiscuité dominicaine est en relation directe avec le « harem » musulman à travers des conquistadors. L’absence de femmes espagnoles a permit l’apparition de la double morale sexuelle que l’on peut observer de la colonisation à ce jour. Ainsi, les hommes bénéficiant d’une bonne réputation ou d’un prestige quelconque utilisèrent les indigènes et les africaines á des fins uniquement sexuelles, et choisissaient les femmes « criollas » comme conjointes socialement plus acceptables. Aujourd’hui, on peut observer ce phénomène avec les sportifs de haut niveau ou les stars de la musique.

 

Pour surpasser ce problème identitaire, nous ne sommes pas aidés en cela par les médias de communication et en particulier par les « feuilletons á l’eau de rose » qui donnent la vision d’une société coloniale statique et déphasée, mettant en évidence l’apparition de deux identités : l’identité réelle et l’identité idéalisée. C’est un des motifs pour lequel les dominicains ne se voient pas comme ils sont mais comme il plairait à l’élite criolla que soit la société dominicaine, ce qui provoque rejet et complexe de nous-mêmes.

 

Cette vision romantique d’une Amérique Latine européanisée n’aide en rien la création d’une identité multi-ethnique au sein de ces sociétés. En République Dominicaine, le problème s’est transposé en un mouvement appelé « Pessimismo dominicana » dont le représentant le plus influent fut Jose Ramon Lopez et son œuvre publiée en 1898 « La alimentacion y la raza ». L’essence même de cette idéologie -du point de vue européen- est un être arriéré, ce qui rend impossible son évolution et donc sa civilisation.

 

Ces feuilletons télévisés « à l’eau de rose » sont nocifs pour la création d’une identité nationale basée sur la justice dans des pays très hétérogènes ethniquement et normalement en voie de développement lorsque les médias et l’enseignement sont des fondamentaux pour l’expansion de la sensibilisation à la tolérance, au respect et au droit à la différence.

 

Au Mexique, le problème identitaire associé aux moyens de communication est encore plus grave. Dans ce pays, 60 % de la population est métisse, 30 % indigène et un petit 9 % est d’origine européenne. Malgré ces chiffres criant de réalité les chaînes de télévisions sont saturées de présentateurs d’origine européenne. C’est pour ce motif que la chaîne TV Azteca est plus connue par le sobriquet de « TV Blanche »

 

En Indonésie où il existe plus de 100 groupes ethnolinguistiques différents, un système éducatif uniforme a contribué à créer une identité nationale et ce, en dépit des diversités ethniques.

Au Japon, ce sont les Burakumin et les Coréens qui sont mal vus par le reste de la population. Cependant, il est très difficile de distinguer un japonais d’un matoritario, car cette discrimination est principalement basée sur le coté économique ainsi que sur un  système historique stratifié de la Période Tokungawa.

En Inde, le système des castes fut un système de discrimination en vigueur jusqu’en 1950 et persiste – officieusement – à ce jour.

Au Brésil, les immigrants venus d’Allemagne, d’Italie, du Japon, du Moyen-Orient et d’Europe Occidentale se sont assimilés à la culture brésilienne, mais les préjudices envers la population de couleur de peau foncée persistent car le système identitaire brésilien est lui aussi basé sur la couleur de peau claire ( blanche ). Ce système a bénéficié aux nouveaux immigrants qui se sont placés au premier plan dans une théorique stratification sociale.

 

Le lynchage de l’afro-américain Rodney King en 1992, est revenu nous démontrer cette pensée. Malgré le fait que, ceux-ci soient les derniers arrivés, tant les hispaniques que les coréens, leur état d’esprit fait qu’ils se pensent et se croient supérieurs au afro-américains.

L’ethnocentrisme est encore trop enraciné au sein de nos sociétés sous-développées pour pouvoir débattre de ce thème avec raisonnement et réalisme et non d’un pont de vue ignorant et complexé. Selon de récentes études, Jésus Christ n’aurait pas eu une apparence tant européenne comme voudrait nous le conter le catholicisme actuel.

 

Dans l’histoire dominicaine, le souvenir des rares leaders mulâtres ou noirs qui ont existés le sont de manière négative dans la plupart des cas : comme dictateurs (Trujillo et Heureux) ou pour des circonstances particulières (Luperon et Fernandez) ce qui a des répercussions négatives sur l’image qu’ils représente ainsi que sur l’ensemble du groupe ethnique. De Ulises Heureax –connu comme « el negro Lisis » - fut un dictateur qui mena le pays à la banqueroute à Trujillo, ensemble tous partagent l’étrange mérite d’appartenir á une minorité  dans l’élite politique et économique dominicaine.

 

Dans les sociétés post-coloniales, le statut social s’est établi principalement sur l’ethnique mais aussi sur l’argent. Par cette règle de trois, une personne de peau obscure et riche aura tendance à se considérer – à se voir- moins noire qu’elle ne l’est car « l’argent blanchi »

Au Brésil, depuis le XVIème  il a  été importé une main d’œuvre d’esclaves afin de travailler dans les plantations de canne à sucre, de café et dans les mines. Pour des raisons historiques, les brésiliens de peau noire sont moins estimés  que ceux de peau blanche et ce principalement lorsque la princesse Isabelle du Brésil a abolie l’esclavage en 1889, les nouveaux « hommes libres » ne reçurent aucunes terres ou aucuns types de compensation au sein d’une société stérile de mobilité sociale, de sorte qu’ils n’eurent aucun accès à la terre ou à la richesse commerciale. Quelques descendants de ces personnes de distinctes ethnies ont réussi à se reconvertir en contremaîtres ou vigiles  dans des plantations, occupant de cette façon des positions intermédiaires économiquement.

Les anciens esclaves durent se résoudre á occuper les emplois nécessitant peux de qualifications mais aussi ceux étant disponibles qui résultèrent les moins rémunérés et ayant les pires conditions de travail . Malgré tout, personne ne peut nier que la culture brésilienne à des racines portugaises, africaines ainsi que natives.

 

La corrélation entre peau obscure et pauvreté est très difficile á modifier dans l’imaginaire collectif, car en l’état actuel de l’histoire de l’humanité la réalité parait confirmer la théorie. En général, au niveau mondial, les pays ayant une dominante de population de couleur de peau noire sont aussi les plus pauvres "inférieure par nature", de sorte que la stratification socio-économique est inévitable, transférant le thème des facteurs historiques aux biologiques. Ce fut de cette manière que les nazis arrivèrent à la conclusion de la supériorité de « La Race Aryenne »

On connaît ce courant de pensée sous le nom de jansénisme en « honneur » à Arthur Jensen. Cette théorie affirme que les personnes ayant un ton clair de peau sont dotées d’une intelligence supérieure par rapport aux gens de ton de peau foncé et noir. 

 

Les psychologues savent bien qu’il n’existe pas une –de- méthode fiable pour mesurer l’intelligence (le fameux Quotient Intellectuel) En réalité, par le biais de ces tests, ceux-ci mesurent l’éducation et non le potentiel pour apprendre. Aucun « test d’intelligence » n’est libre de préjudices ethniques, culturels ou sociaux.

Durant la Première Guerre Mondiale, il fut réalisé des tests d’intelligence aux recrues de l’Armée Nord-Américaine. Beaucoup de scientifiques furent surpris par le fait que les noirs de certains Etats du Sud obtinrent des résultats supérieurs aux blancs de certains Etats du Sud. L’explication était que les noirs habitants les Etats du Nord avaient une éducation publique meilleure que les blancs vivant dans les Etats du Sud.

 

Alcides Pimentel Paulino

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