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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 20:53

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Un des principaux problèmes à l’heure d’éradiquer le racisme est que nous vivons et interprétons le monde à un moment concret et subjectif.

 

 

Lors d’une enquête (1986-1993) réalisée en Espagne, ayant pour sondés professeurs et étudiants sur le développement et race, le résultat fut que 33% des professeurs et 46% des élèves croyaient que « la race blanche occidentale » fut dans l’histoire de l’humanité la plus développée, érudite et dominante par rapport aux autres. En Espagne et en Italie, il existe des groupes de tendances néo-nazis alors que dans le même temps les personnes adhérentes n’ont pas forcément la physionomie aryenne. L’assassinat de la dominicaine Lucrecia Perez, le 13 novembre 1992, devrait nous faire réfléchir sur le racisme en Espagne et sa relation avec le mot développement.

 

Il fut démontré qu’en Espagne, que d’une part les livres scolaires utilisés dans l’éducation publique condamnaient la discrimination raciale mais que dans le même temps l’erreur était commise de ne situer le racisme qu’aux Etats-Unis, en Afrique du Sud ou en Allemagne : nombreux sont ceux qui ne se considèrent pas racistes car les faits se passant dans d’autres pays se sont les autres qui démontrent des attitudes racistes.

On peut entendre fréquemment dans les conversations ce type même de phrase archétype « en Espagne, nous ne sommes pas racistes » alors que peu d’entre-nous savent différencier ce qu’est ou non le racisme. Si nous regardons en arrière, nous nous rendrions compte que l’association entre pouvoir –couleur de peau n’a jamais été aussi forte comme le savent bien les études de l’Ecole de 1492.

A l’époque où les civilisations les plus avancées se trouvaient dans la partie non européenne du monde, concrètement au Moyen-Orient, les européens étaient considérés comme des barbares. Les Empires Egyptiens, Aztéque, Maya ou encore la Chine Impériale avaient exactement, sur les européens, la même opinion. 

 

Aux Etats-Unis, l’hypophiliation est spécialement arbitraire, car elle se base sur les ancêtres, l’apparence physique et une seule goutte de sang noir fait que les personnes sont classifiées comme appartenant au groupe ethnique noir ; c’en est ainsi pour un enfant né de parents blanc et noir est un mulâtre et cela même si son génotype est autant blanc (50%) que noir (50%),et l’ on percevra l’enfant comme appartenant au groupe ethnique ayant le moins de prestige social car son apparence physique présentera des traits négroïdes.

C’est le motif pour lequel la grande majorité des dominicains –malgré que nombreux s’en offensent- seraient donc des hispano- noirs aux Etats-Unis. Il faut admettre que c’est une classification très simpliste ou n’entrent pas les polynésiens, les américains natifs ou encore les aborigènes. 

 

Il n’est venu á l’esprit de personne que le niveau de corruption très élevé qui existe dans notre pays, est en relation directe avec notre problème identitaire ?

Les mulâtres et les noirs ont tendance à penser que l’argent est le seul et unique moyen qui pourrait parvenir à changer leurs statuts sociaux et donc qu’importe la forme et les moyens pour obtenir ce précieux élixir. Lorsqu’ils peuvent atteindre des postes – notamment - en politique, ils se concentrent plus sur comment s’enrichir que comment aider le peuple à sortir de la pauvreté. Et pendant ce temps, les « criollos » font de même car eux, ne s’identifient pas á la majorité de la population. On parle dans le fond de l’éternel dilemme tant présent dans le Darwinisme social entre le « gène égoïste » et le « gène communautaire »

Bien que le gène égoïste soit celui qui caractérise notre société actuelle, le gène communautaire se morcelle fruit de l’éducation  et d’une culture exclusive, qui stratifie notre mode de pensée basée de la famille, l’ethnie, le pays ou la nation.

Le processus cognitif humain nous leurre dans l’interprétation de la réalité basée sur des positions binaires comme l’amour / la haine ou le bien / le mal, valeurs purement sociales ou culturelles. Chaque culture nous enseigne le rejet et la tolérance et à quel grade nous devons le faire, à travers un réseau semi occulté formé par les préjugés et les stéréotypes.

 

Selon certaines enquêtes récentes, près de 80% des dominicains admettaient avoir des préjudices à l’heure de voter pour un candidat mulâtre ou noir. Il n’y a la aucune contradiction, car selon les psychologues, les structures mentales sont très difficile à changer et c’est pour cela que 86% des sondés croyaient que oui, le racisme existait en République Dominicaine, alors que la majorité des habitants sont mulâtres. Ce problème identitaire a resurgit de façon impérieuse lorsque Jose Fransico Peña Gomez a brigué la présidence du pays. Nombreux sont ceux qui se sont opposés à ce leader pour ses supposés origines haïtienne, alors que, en dehors des idées politiques de chacun,  son unique problème fut qu’il était noir. Le nom de la coalition politique qui l’empêcha de gagner les élections « Front Patriote » unissait le PDL et le PRSC, démontra l’immaturité de la démocratie dominicaine comme le rappelèrent de nombreux médias internationaux.

 

Beaucoup des faits importants de notre histoire résultent contradictoires lorsque l’on compare les versions historiques espagnole, française et dominicaine. Nous préférons admettre comme vérité absolue les faits des invasions haïtiennes sans vraiment nous questionner sur les raisons historiques ni le contexte de l’époque.  Comment ce fait-il que les haïtiens entrèrent avec une telle facilité dans la partie Est de l’île  et « envahirent » la partie orientale en 1822 ? 

Le thème de l’ « invasion haïtienne » est traité avec une  frivolité qui fait peur. Les haïtiens accédèrent aisément à franchir la frontière car les idées de Boyer –qui était mulâtre comme l’était la majorité des dominicains- représentait une amélioration des conditions de vie pour les dominicains mais par-dessus tout l’abolition de l’esclavage ainsi qu’une Réforme Agraire qui avait été couronnée de succès en Haïti. Il faut se souvenir qu’à cette époque notre pays était plus pauvre et plus peuplé que son voisin.

Ce sont les principaux motifs pour lesquels, en 1822, il n’y eu pas de résistance importante de la part des dominicains face aux haïtiens contrairement aux années 1801 et 1805. Peu de dominicains savent que la Bataille de Palo Hincado en 1808 fut conduite par les criollos dominicains dans le seul et unique but de défendre leurs propres interets économiques, leurs privilèges et restaurer la domination espagnole. Comme nous pouvons le comprendre, il s’agit d’une « invasion / annexion » soutenue par la population la plus défavorisée qui comme par hasard représentait aussi la majorité. Dans le but de confirmer ces faits et pour qui douterait de ceux-ci, il suffit de consulter le Manifeste du 16 janvier 1844 (Acte de l’Indépendance Nationale).

 

Quoique le Code Rural ambitionne à mettre en place un équilibre entre mulâtres, noirs et propriétaires terriens (principalement criollos), la réforme fut balayée avec la Conspiration des Alcarrizos en 1824. Celle-ci ayant comme objectif l’expulsion des haïtiens et de rétablir le pays dans le giron de l’Espagne. Logiquement, ce fut un échec car cette conspiration n’avait pas le soutien des classes populaires. Les propriétaires terriens ne voulaient aucunement la redistribution de la terre, la bourgeoisie ne voulait pas payer d’impôts et les criollos ne voulaient perdre leurs privilèges hérités de la colonisation, ce qui généra une crise structurelle.

Les vingt-deux  années de domination haïtienne reçurent le nom de « des années de la Honte » car pour les criollos, ce fut bien une honte que d’être dirigés par des noirs, des mulâtres et des anciens esclaves.    

 

C’est une erreur assez fréquente de dire qu’en 1801, les haïtiens envahirent la République Dominicaine car le pays n’avait toujours pas ce nom. Il est courant de trouver des sources qui disent que les haïtiens envahirent puis furent expulsés par les français. Il faut se souvenir que Jean-Jacques Dessalines ne proclama l’Indépendance d’Haïti qu’en 1804, ainsi qu’il n’est pas certain d’affirmer qu’un pays a envahit un autre. De la même manière on parle de l’ « Indépendance éphémère » de 1809, alors que ce qui s’est produit fut en fait une adhésion à l’Espagne. Comme l’affirme l’historien Frank Moya Pons, c’est en fait un coup d’état perpétré par quelques criollos afin de maintenir le pouvoir sans changer l’ordre social. 

 

C’est le 27 février 1844 que nous pouvons parler de la République Dominicaine en tant que telle. Le paradoxe fut que ceux qui voulaient destituer Boyer ne furent pas les dominicains mais les conspirations internes à Haïti qui l’obligea à s’exiler en 1843, un fait connu comme "La Réforme".

 

Alcides Pimentel Paulino

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